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11/05/2008

Les retrouvailles

Nous ne nous étions pas revus depuis plus d’un an, je crois même que cela remonte à l’été 2006. Je pensais à lui parfois quand il faisait beau, lui m’avait certainement oublié mais qui peut dire ? Aussi quand j’ai fait la démarche pour rependre le contact, j’avais un petit pincement au cœur, serait-il encore fringant, pourrait-il encore me supporter ? Au premier abord, c’est vrai qu’il m’a semblé crevé et affaissé, un peu plus gris que dans mon souvenir. Je n’ai rien dit, j’ai ouvert la porte en grand, je l’ai empoigné pour qu’il effleure le sol délicatement et je l’ai conduit dehors à l’air libre sous le soleil exactement. Peut-être a-t-il légèrement couiné durant ces quelques mètres mais rien d’alarmant. C’était bien lui, c’était bien moi. Ce cher vélo tant négligé, il était là prêt à tout pour me satisfaire, attendant son heure, silencieux dans la cave où je l’avais remisé, seul puisqu’il en était l’unique occupant. A ma décharge il faut reconnaître que je ne l’ai jamais martyrisé car si je l’avais acheté avec des projets sportifs grandioses en tête, la réalité s’avéra plus modeste. Toutes les occasions furent bonnes pour qu’il ne souffrît pas, s’il pleuvait je ne m’en servait pas, s’il faisait froid ça ne me disait rien, s’il y avait trop de vent c’était certainement dangereux et quand il faisait beau j’avais d’autres activités qui ne pouvaient être différées. Pour reprendre notre liaison, nous devions nous montrer sous notre meilleur aspect ; muni d’un chiffon doux je lui massais les tubes, avec un chiffon gras je lui frottais les jantes et les rayons, avec une petite brosse je lui astiquais la selle avant de lui vider une partie de ma burette dans les moyeux et le dérailleur, enfin je parachevais sa toilette en lui gonflant à bloc les boyaux. Pour ma part je n’étais pas en reste, j’avais enfilé mon cuissard retrouvant instinctivement la manière adéquate de me caler au mieux les couilles dans ce Lycra moulant au fondement renforcé, j’avais mis mon sweat-shirt à bandes colorées pour qu’on me vit bien sur la route, mes gants sans doigts pour un meilleur grip sur les poignées et ma casquette pour éviter le soleil dans les yeux. Nous voilà prêts pour le grand moment, je fais tourner le pédalier pour apprécier le cliquetis de la mécanique huilée et place la pédale droite en position haute, j’enfourche le VTT et nous voilà partis. Il est tôt, la température est parfaite, les routes sont libres de voitures, je ne force pas, je mouline pour échauffer les muscles des jambes, pour ma première sortie je choisis un terrain facile et assez plat, une petite route interdite à la circulation automobile, en forêt. Mon brave MBK bleu nuit ne geint pas, les changements de vitesses ou de plateaux chantent délicieusement à mon oreille, bientôt la sueur, le soleil et le vent me redonnent ce goût oublié de l’activité physique en plein air. Après deux heures d’escapade nous convenons de rentrer au bercail, pour cette fois ce sera bien suffisant. Quand j’ai quitté mon vélo dans sa cave, nous nous sommes promis in petto, de nous revoir bien vite. La même promesse que je lui avais faite à l’été 2006… ?