17/01/2009
Alissa York : Effigie
Année 1867 dans l’Utah, un ranch où vivent des mormons, Erastus Hammer, ses quatre femmes ainsi que leurs enfants. On ne rigole pas tous les jours avec les mormons, l’ambiance est pesante sous la férule de sœur Ursula sa pieuse première femme. Sœur Ruth se consacre à ses vers à soie sous l’œil concupiscent du jeune fils de son mari, la troisième femme sœur Thankful, ancienne actrice, étouffe comme elle le peut ses pulsions sensuelles et la dernière sœur Eudora (dite Dorrie), très jeune, consacre son temps à la taxidermie avec le fruit des chasses de son mari. Un nouveau garçon d’écurie et un loup qui rôde la nuit autour de la ferme vont être les grains de sable qui détraquent la machine. Alissa York écrivain Canadienne a écrit un roman magistralement construit, fait de courts chapitres où chacun prend la parole à son tour. Des flash-back éclairent ou noircissent l’intrigue qui n’est jamais linéaire et les rêves de Dorrie mystérieux et angoissants nous plongent dans une scène de carnage récurrent dévoilant un secret par petites touches où corbeaux et loups sont omniprésents. Certains passages peuvent évoquer Jim Harrison à son meilleur c’est dire le talent de l’écrivain. Les mots sont choisis, les termes précis quand ils décrivent le travail de taxidermie, le style n’est jamais pesant mais chaque phrase est lourde de sens et on se surprend à lire le roman lentement pour l’apprécier à sa juste valeur. Un livre envoûtant par ses perversions sous-jacentes, ses désirs refoulés et sa dureté parfois, mais un livre magnifique.
« Thankful entend des choses. Pour la troisième fois de la nuit, elle se précipite pour déverrouiller la porte de sa chambre. Personne. Pas âme qui vive. Elle pousse lentement la porte et s’enferme de nouveau. N’ayant pas envie de se coucher, elle va à la fenêtre et regarde en bas. Le loup est un souvenir argenté. Pas mort, cependant, malgré les promesses de Hammer ; son chant lui est parvenu tandis qu’elle était allongée tout éveillée la nuit dernière. A la fois elle l’espère et n’en veut pas, ne sachant pas trop ce qui a le plus de chance de le tenir à distance. »
13:50 Publié dans Livres | Tags : alissa york effigie, mormons, utah, loups, corbeaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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